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Tomi Ungerer. Collection Würth
Tomi Ungerer. Sammlung Würth

03.12.2021–14.08.2022 -> prolongée jusqu'au 20.11.2022 !

L'artiste français Tomi Ungerer compte à la fois parmi les illustrateurs les plus significatifs et les plus provocants de son temps. Son œuvre considérable comprend plus de 40'000 dessins, peintures à l'huile, esquisses d'affiches, collages, lithographies, gravures sur bois et objets. À cela viennent s’ajouter 140 livres, de la satire sociale jusqu'au livre de contes, dont des classiques de la littérature moderne pour enfants comme «Les trois brigands» et «Jean de la lune».

Tomi Ungerer est né en 1931 à Strasbourg. Après avoir voyagé au début de sa carrière dans toute l'Europe en auto-stop et publié de premiers dessins dans le journal satirique «Simplicissimus», il prend son véritable essor dans le New York des années 1950, où il acquiert une notoriété comme graphiste, auteur de livres pour enfants, dessinateur et peintre. Il a toujours été engagé politiquement. Ses affiches contre la guerre du Vietnam et la ségrégation raciale sont à la fois des prises de position éloquentes et des exemples parmi les meilleurs dans le graphisme moderne. Aussi divertissants que radicaux, ses féroces commentaires en images de la high society américaine sont rassemblés dans «The Party», publié en 1966. Cette publication et d'autres, contenant notamment des œuvres érotiques piquantes, firent qu'il dût quitter les États-Unis. Ses livres pour enfants furent censurés et même le FBI le plaça sous surveillance. Il se retira pendant quelques années au Canada et s'installa durablement en Irlande en 1976. Il n'est jamais revenu sur sa position consistant à «mettre en lumière ses propres abîmes autant que ceux des autres» (Andreas Platthaus). On retrouve dans sa citation «L'enfer est le paradis du diable» toute l'ambivalence de la philosophie de vie d'un Tomi Ungerer toujours tourné vers les autres.

Son enfance en Alsace, qui a particulièrement souffert de par sa situation entre les fronts pendant la Deuxième Guerre mondiale, explique pourquoi il a œuvré pendant toute sa vie pour la réconciliation entre la France et l'Allemagne. Après s’être installé en Irlande, il a non seulement trouvé une nouvelle patrie, mais aussi un public européen. Surtout depuis son «Grand livre de chansons» (1975), dans lequel il reprend la tradition romantique de l'illustration pour la faire entrer dans son répertoire de styles caméléonique.

Tomi Ungerer troque sans peine dans ses nombreuses œuvres le style romantique du livre allemand pour le trait rapide de Wilhelm Busch, l'art de l'illustration de son compatriote alsacien Gustave Doré, le mordant des auteurs satiriques français comme Grandville et l'humour anglo-saxon de ses amis Ronald Searle ou Saul Steinberg.

Son œuvre est marquée par la spontanéité, la curiosité, le goût de l'expérimentation et la recherche effrénée de la ligne parfaite. Brillant observateur, il esquisse les banalités et les étrangetés de la «comédie humaine».

Même la plupart de ses admirateurs ignorent qu'en plus de son œuvre graphique, il a aussi réalisé de nombreux collages et des sculptures, surtout pendant ses vingt dernières années.

L'exposition qui lui avait été consacrée en 2010 dans la Kunsthalle Würth avait le mérite de jeter un nouveau regard sur l'artiste libre Tomi Ungerer qui, en plus de ses œuvres commandées, avait créé un univers fantastique d'œuvres originales. Tomi Ungerer est mort en 2019 à Cork, en Irlande.

La grande exposition personelle dans le Forum Würth Arlesheim, qui peut puiser dans le fonds riche de 250 œuvres de Tomi Ungerer appartenant à sa propre collection, propose un aperçu de l'œuvre aussi profonde qu'extrêmement divertissante de cet artiste passionné.